Une tiny house en Provence, est-ce une bonne une idée ?

photo d'un velux dans une tiny house
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S’abriter du froid et s’abriter du chaud, est-ce la même chose ?

photo d'une branche d'olivier sous la neige

En France, et plus généralement en milieu tempéré, s’abriter du froid de l’hiver est plus simple que s’abriter des chaleurs de l’été. En effet, chauffer une tiny house en saison froide n’est vraiment pas compliqué : L’isolation de ses murs ainsi que le léger découplage qu’offrent les lames d’air intérieures et extérieures permettent d’atteindre facilement une température confortable à l’aide d’un simple radiateur de 1500 W même avec des températures négatives dehors.

En revanche, atteindre le confort thermique l’été est un peu plus délicat. La raison en est très simple : aucun système n’est parfait et, sur Terre, là où le vide absolu n’existe pas, tous les matériaux (même ceux dits isolants) conduisent une certaine quantité de chaleur (plus ou moins vite). Imaginez maintenant que votre tiny house soit une baignoire qui fuit. Le niveau d’eau idéal (température idéale) est donc une variable dynamique qu’il va falloir ajuster en permanence. En hiver, la chaleur fuit vers l’extérieur, il vous faudra donc en permanence injecter une petite quantité de chaleur (via un convecteur, un chauffe-eau gaz ou un poêle à bois en complément des apports solaires qui se font naturellement par les fenêtres). En été, par contre, la source de chaleur est extérieure (et les journées sont longues !), ce qui signifie que tout le jour durant, une petite quantité d’énergie (l’eau) sera injectée dans votre tiny (système fermé et limité semblable à notre baignoire). Et, à moins de l’extraire via une climatisation, ou de la mitiger via un puit canadien, la température va constamment et régulièrement être contrainte de grimper.

Quelle sont les limitations d’une tiny house en matière d’isolation thermique ?

En bio-climatisme, pour lutter de manière passive contre les surchauffes de l’été, les bâtiments classiques jouent sur trois variables d’isolation : la résistance thermique, le déphasage et l’inertie.

Quelques explications techniques préalables :

L’inertie thermique est la tendance d’un matériau à demander une grande quantité d’énergie pour changer de température. De même qu’il faudra pousser très fort sur un camion (ou à plusieurs !) pour le faire bouger, il faudra plus d’énergie thermique à un matériau de plus grande inertie pour le faire monter de 1°. Pour vous le représenter, pensez à la pierre, pensez à la fraîcheur d’une église en plein mois d’août !

Le déphasage est la capacité du matériau à ralentir la progression du front de chaleur vers l’intérieur de l’habitat. La chaleur se déplace du chaud vers le froid. En été, les rayonnements du soleil ainsi que l’air chaud vont élever la température des parois. Un front de chaleur va alors se déplacer de l’extérieur vers l’intérieur. Dans des maisons classiques bien conçues, le déphasage peut être suffisamment important pour que le front de chaleur n’ai pas le temps d’atteindre l’intérieur avant que les écarts de température ne s’inversent. C’est à dire que le soir venu, le front de chaleur repartira vers l’extérieur avant d’avoir atteint l’intérieur de l’habitat.

Une tiny house est conçue pour être légère. Pour cela, sa structure est principalement constituée d’air. En effet, les murs sont constitués de montant de bois d’une épaisseur d’environ 10 cm, entre lesquels se trouve un matériau isolant (chez Plume, nous utilisons principalement de la laine de coton issue du recyclage). Cette isolation est très légère : environ 20 kg/m3 et si elle permet de rester sous le poids limite de 3,5 T, elle présente le désavantage de n’offrir qu’une faible inertie. Sa faible épaisseur lui confère également un deuxième désavantage : un déphasage faible.

Du rêve de vivre dans une tiny house à la concrétisation du projet, dans la plupart des cas, un délai de 6 mois est nécessaire. Emprunts bancaires, élaboration du projet, dispositions légales, temps de conception et de construction : avancez les échéances en commençant dès maintenant ! Avec les informations indispensables, vous prenez un temps d’avance. –> Contactez-nous

Comment se définit le confort thermique ?

On serait tenté de dire : le confort thermique, c’est quand on est bien ! Et c’est vrai que c’est là le plus important. Cependant, il peut arriver que deux personnes ne ressentent pas le même degré de confort dans la même pièce ou pire, que la même personne ressente tour à tour du confort et de l’inconfort dans la même pièce, dans les “mêmes” conditions. Encore une fois, les choses ne sont pas si simples.

Les principaux facteurs du confort thermique sont : la température de l’air, la température des parois, l’humidité de l’air, les courants d’air, un éventuel apport par rayonnement (derrière une fenêtre par ex.). Dans un autre registre l’âge, le sexe, la condition physique (fatigue, maladie, digestion…) influencent également grandement notre ressenti.

Sur quels paramètres peut-on jouer pour gagner en confort thermique ?

Évidement, nous avons des marges de manœuvre différentes sur chaque paramètre. En effet, s’il semble raisonnable de penser que nous devrons nous contenter de l’âge que l’on a sans en pouvoir changer, il ne serait pas très réaliste non plus de proposer à une personne ayant froid une petite séance d’abdo/fessier (même si dans l’univers tiny, on adore ce qui revêt deux fonctions simultanées). Nous devrons donc nous concentrer sur deux choses : des solutions techniques et des choix constructifs, ce qui est la base du travail d’un fabricant de tiny house et des habitudes de vie.

> Emmagasiner la fraîcheur de la nuit.

Même s’il se réduit pendant les périodes de canicule, l’écart de température entre le jour et la nuit demeure, et il est essentiel d’en tirer parti. Ainsi, il s’agira de ventiler au maximum l’air intérieur pendant la nuit afin d’éliminer un maximum de chaleur et de le remplacer par de l’air plus frais. Au réveil, il faudra emprisonner cet air en fermant l’habitat jusqu’à ce que la tendance s’inverse.

> Faire de l’ombre

D’un point de vue architectural, un des principes les plus efficace est aussi simple qu’évident : limiter les apports de calories dans la tiny house. Ce principe n’est qu’une déclinaison de plus de l’ancestral “mieux vaut prévenir que guérir”. Faire de l’ombre est la démarche numéro un et de loin la plus efficace pour limiter les apports énergétiques du soleil dans votre habitat. En été, et pas que dans le sud de la France, chaque mètre carré reçoit plusieurs centaine de watt de puissance calorifique de la part du soleil. Ce chiffre dépend de la latitude, de la nébulosité, de la pureté de l’air et de l’orientation de la surface en question. La puissance qui sera transmise à l’intérieur dépendra ensuite de nombreux facteurs dont les types de matériaux constitutifs des murs et de la toiture, la couleur des matériaux recevant le rayonnement, la présence ou non d’une lame d’air et l’épaisseur du complexe de mur ou de toit. Sans rentrer dans des calculs chiffrés, on comprend vite que si on peut directement faire l’économie d’un rayonnement direct frappant la toiture, c’est tout ce flux de chaleur que l’on n’aura pas à gérer. Alors pour faire de l’ombre, tout est bon : une bâche tendue, un vieux chêne plusieurs fois centenaire, une colline…

> Créer des courants d’air

Ventiler l’air est une stratégie secondaire. Lorsque la température aura trop grimpé à l’intérieur de l’habitat alors il s’agira de le mettre en mouvement pour rendre l’ambiance plus agréable. C’est l’effet de convection forcée qui va permettre d’arracher quelques calories à votre peau. Et ce sont ces quelques calories en moins qui feront reconsidérer à votre cerveau la température ressentie. Songez à l’énorme différence qu’apporte une toute petite brise l’été ! Pour cela il est important de disposer d’ouvertures sur chaque pignon, permettant la ventilation complète du volume de la tiny house en quelques secondes. L’idéal reste une ouverture assez importante sur un pignon et un Velux à l’opposer. L’air sera mis en mouvement en un clin d’œil à leur ouverture du fait de l’effet “cheminée” créé par la fenêtre de toit.

> Vivre dehors

Enfin, le dernier refuge sera de désinvestir la tiny au profit de la terrasse attenante qui sera, bien sûr, couverte d’une avancée de toit. Cette stratégie est d’une évidence absolue même si de plus en plus oubliée à l’aire des centres commerciaux climatisés. Ne faisons pas l’erreur de la considérer comme un échec des stratégies précédentes mais voyons-la plutôt comme une adaptation aux conditions climatiques, une souplesse, une résilience face à la nature.

Conclusion

Chaque médaille a son revers et la légèreté propre aux tiny houses offre la mobilité mais ne permet pas de faire face aux chaleurs de l’été aussi efficacement qu’une maison classique (intelligemment construite). Si pour vous y ressentir le frais d’une maison traditionnelle moderne et bien conçue en plein été est un critère incontournable alors il faudra sûrement songer à un autre type d’habitat. En revanche si le mode de vie que vous envisagez est fait de compromis, de vie dehors, d’adaptation à la nature et à ses cycles alors la vie en tiny house vous comblera de bonheur, en hiver comme en été

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